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que Dieu, regarder comme vains les privilèges et les compositions de ce monde.

– Je ne vous comprends pas, monsieur, repartit Madeleine.

– Je serai plus précis : vous venez, sans doute, renouveler la prière que ce malheureux – je lui rends cette justice – m’a déjà adressée hier au soir : celle de faire disparaître cette lettre qui prouve que des rapports qu’il ne m’appartient pas d’apprécier existaient entre vous et l’accusé.

– Non, monsieur, non, vous vous trompez, reprit Madeleine avec une fière énergie, et je proteste contre cette supposition, parce qu’elle est odieuse. J’aime Marius, je ne rougis pas plus de l’avouer aujourd’hui que je ne rougissais de le lui écrire hier. Je suis venue à vous, non point pour vous demander de céler la vérité, mais pour la rétablir. Ce n’est que tout à l’heure que j’ai connu son arrestation ; je n’en ai appris que très imparfaitement les détails ; j’ai craint que, dans sa générosité et dans son dévouement, il ne se refusât à avouer ce qui légitimait sa présence dans l’enceinte de ma propriété, et je suis venue pour vous l’apprendre.

– Cette noblesse de sentiments vous honore, mademoiselle, mais elle est inutile ; si les aveux de l’accusé avaient pu nous laisser des doutes, le rapprochement des circonstances, les déclarations de