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l’appelait de tous ses vœux comme le seul remède à ses peines.

Il pensait à sa mère ; mais sa foi religieuse lui venait en aide pour soutenir l’amertume de ce souvenir. Il se serait dévoué à la fois pour sauver son père et son bienfaiteur. Dieu ne pouvait l’abandonner ; il accueillerait la dernière prière qu’il comptait lui adresser, celle de soutenir Millette dans la rude voie que celle-ci aurait encore à parcourir sur la terre.

Il demeura donc inébranlable dans son premier interrogatoire, qui eut lieu le lendemain. Le juge d’instruction venait d’ordonner qu’on le reconduisît dans la cellule où il était au secret, lorsqu’on annonça à ce magistrat qu’une jeune dame demandait avec instance à être introduite auprès de lui.

L’impatience de la personne qui sollicitait cette audience était si extrême, qu’elle n’avait pas attendu le retour de son envoyé, et qu’à travers la porte entrebâillée, on apercevait sa silhouette dans la pénombre de l’antichambre.

Le juge d’instruction alla au-devant d’elle, de la main lui désigna un siège, et s’assit en face d’elle.

Elle n’attendit pas que le magistrat lui adressât une question.

– Ma demande va, sans doute, monsieur, vous paraître étrange, inconsidérée, dit-elle d’une voix dont l’émotion n’atténuait pas la fermeté. Peut-être