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qui accouraient : « On a assassiné M. Riouffe ! » il éprouva la sensation glacée que doit éprouver un voyageur perdu dans les Alpes, lorsqu’une avalanche s’abat sur sa tête ; une sueur froide perla sur son front, ses cheveux se hérissèrent, ses dents s’entrechoquèrent avec bruit, ses genoux chancelants se dérobèrent sous lui ; il glissa le long de la pente rapide au sommet de laquelle il était juché et roula jusqu’au bas de l’éminence.

Cette chute, la secousse qui la suivit, les contusions qu’elle occasionna au précieux épiderme de M. Coumbes en le heurtant aux aspérités de la roche, achevèrent la déroute de ses idées. Saisi d’une terreur panique, il se releva, oubliant de ramasser son chapeau, et s’enfuit dans la direction de son cabanon aussi vite que son émotion put le lui permettre.

Son trouble était si profond, qu’il ne vit pas les douaniers qui passèrent à deux pas de lui, quittant leur poste pour accourir sur le théâtre où venait de se passer la terrible catastrophe. Mais, en revanche, les douaniers qui n’avaient, eux, aucune raison d’être troublés, remarquèrent cet homme qui, tête nue, haletant, hors d’haleine, accourait en s’enfuyant du côté où, selon toute probabilité, un meurtre venait d’être commis.

Cet homme, ce ne pouvait être que l’assassin : ils se mirent donc à sa poursuite. M. Coumbes, se sentant