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gardait ce jardin des Hespérides, qu’un concierge et un garçon de bureau couchaient à portée de la voix, disposés à prêter main-forte au commis. Pierre Manas s’était rejeté alors sur le chalet, concluant, à l’honneur de la logique de son esprit, qu’un si large fleuve métallique supposait des affluents. Or, Pierre Manas était plein de philosophie : il se résigna donc à boire dans les affluents, ne pouvant boire dans le fleuve. Le bénéfice de l’affaire serait moindre, mais les dangers étaient moindres aussi ; le bandit croyait savoir pertinemment que Mlle Riouffe était seule avec une servante dans son chalet de Montredon, et il avait spéculé là-dessus.

En effet, les débuts de l’entreprise allèrent à ravir. Pierre Manas ouvrit sans bruit la porte vitrée qui donnait du rez-de-chaussée sur le jardin, se déchaussa, prit ses souliers à sa main, monta par le grand escalier et se glissa dans la chambre à la fenêtre de laquelle il avait, la veille, reconnu Mlle Madeleine Riouffe, et qu’il avait d’avance supposée être celle de la jeune fille. Une bourse bien garnie sur laquelle il jeta le grappin, dès le premier tiroir qu’il ouvrit, lui prouva qu’il ne s’était pas trompé. Malheureusement, une bonne spéculation étant donnée, on désire toujours la rendre meilleure. Il en fut ainsi cette fois encore : en tâtonnant, les mains de Pierre Manas rencontrèrent un secrétaire qui lui parut, au