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salines qui montaient de la mer, devaient infailliblement communiquer à tous ses produits à venir une saveur que l’on n’aurait trouvée nulle part.

Le lecteur perspicace va nous arrêter ici et nous demander pourquoi M. Coumbes n’avait point cherché ce qui ne manque pas à Marseille, un coin de terre abrité contre le vent qu’il redoutait si justement.

Nous répondrons au lecteur qu’on ne choisit pas ses maîtresses ; le Ciel nous les donne, et, laides ou infidèles, on les aime telles que le Ciel nous les a mises au bras.

D’ailleurs, cet inconvénient avait sa compensation. Ce n’était pas sans de mûres et profondes réflexions que M. Coumbes s’était décidé à devenir acquéreur des deux arpents que nous lui avons vu acheter au commencement de ce récit.

À sa tendresse pour son cabanon, à la fierté que lui inspiraient ces objets des soins de toute sa vie, se joignait une autre passion dont, au siècle dernier, nous eussions indiqué l’objet en disant : « la blonde Amphitrite », ce qui eût pu jeter quelque défaveur sur la pureté des mœurs de M. Coumbes et que nous désignerons aujourd’hui par son nom le plus simple en l’appelant la mer. Ce nom va d’autant mieux à notre but qu’il n’y avait absolument rien de poétique dans le culte que M. Coumbes avait voué à la mer.