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la passion de M. Coumbes, annoncée par nous dans le titre du présent chapitre ; les premiers moments qu’il passa en observation sur la pointe de son rocher lui parurent même assez agréables. Son imagination avait pris le mors aux dents comme le cheval de don Quichotte ; il chevauchait dans des nuages couleur de rose et d’azur. Une fois l’imagination lancée dans le domaine du rêve, elle ne s’arrête plus : M. Coumbes voyait la destruction du chalet, sa Carthage à lui ; il ne doutait presque pas que M. Jean Riouffe, lorsqu’il connaîtrait les projets de mésalliance de sa sœur ne contraignît celle-ci à abandonner son habitation, et il entrevoyait déjà, balancées par le mistral, les ronces et les orties qui allaient pousser sur les ruines de ces murs abhorrés.

C’était tandis qu’il jouissait de ces riantes perspectives que Pierre Manas, jusqu’alors caché dans la pinède, débutait par l’escalade qui devait le conduire à l’effraction.

Nous avons entendu le bandit le raconter lui-même à Marius : la porte des bureaux de la maison Riouffe et sœur s’était entrouverte pour lui, et, comme, en fait d’imagination, il ne le cédait pas même à M. Coumbes, il avait rêvé des pyramides de billets de banque et des cascades d’or et d’argent. Par malheur, ses renseignements lui avaient appris qu’un commis, dragon farouche, armé de deux pistolets,