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les parties de ses vêtements ; il prononça un effroyable blasphème.

– Je l’ai perdu ! s’écria-t-il.

Puis, saisissant Marius à la gorge :

– Tu me l’as volé ! avoue que tu me l’as volé, gueux et hypocrite que tu es.

Le jeune homme ne se débattit point, ne chercha point à échapper à cette étreinte, malgré la douleur que lui faisaient éprouver les ongles du meurtrier entrant dans sa chair.

– Fouillez-moi, dit-il d’une voix étranglée.

Ce calme fit comprendre à Pierre Manas qu’il se trompait à l’endroit de Marius ; qu’il devait avoir perdu l’argent volé, mais que cet argent ne pouvait lui avoir été pris.

Il continua donc de se répandre en imprécations contre la destinée, mais il cessa d’accuser le jeune homme de la perte de son butin.

Celui-ci, dans le calme de la douleur, donna au désespoir du mendiant le temps de s’exhaler.

Puis :

– Tout peut se réparer, dit-il. Je ne suis pas riche, mais j’ai quelques économies ; demain, je vous les remettrai pour vous faciliter les moyens de quitter la France.

– Tron de l’air ! s’écria Pierre Manas, soirée chanceuse tout de même ! Et ces économies, pèsent-elles ?