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perdre, pourrait vous tenir en sa puissance ; mais, non, c’est moi, et pas un autre, que Dieu a choisi ; donc le Seigneur veut vous laisser le droit de vous repentir. Pierre Manas, profitez-en.

– Psit !… Ah ! ah ! le repentir, mon pichon ! j’aurai beau frotter mon pain avec le repentir, il ne lui donnera seulement pas le goût que lui donnerait une gousse d’ail.

– Réfléchissez à ce que je viens de vous dire, Pierre Manas, reprit Marius écrasé par l’impudence du bandit et sentant le plus profond découragement s’emparer de lui. Je promets de taire votre nom ; je vous promets davantage : pour vous sauver, j’irai jusqu’au mensonge ; je donnerai du meurtrier dont je porte les marques un signalement qui, pendant quelques jours, détournera les soupçons de votre tête ; profitez-en pour fuir, pour traverser la frontière, pour vous expatrier.

– C’est bien ce que je compte faire, répondit le misérable ; c’est ce qui m’avait décidé, coûte que coûte, à mettre la main sur le magot.

Et, en disant ces mots, Pierre Manas fouilla, en ricanant, dans le gousset de son pantalon ; mais, sans doute, il n’y trouva point ce qu’il y cherchait, car tout son corps resta immobile, tandis que sa main se promenait avec une agitation convulsive sur toutes