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– Vous venez d’ajouter un crime aux crimes qui avaient déjà souillé votre vie.

– C’est ta faute, mon pichon, reprit le mendiant ; si seulement tu m’avais donné une pièce de vingt francs, j’aurais renoncé à mon idée d’aller chez la demoiselle ; mais que voulais-tu qu’un homme fît avec tes pauvres quarante sous ? Ne trouvant personne dans sa chambre, je remplissais de mon mieux mes poches, et les intentions charitables qu’elle avait manifestées, lorsque cet imbécile qui était à côté a trouvé mauvais que j’eusse un petit peu dérangé le secrétaire. Tu vois bien que le crime te revient, et que, si tu as quelque conscience, tu feras pénitence à ma place.

– Pierre Manas, continua le jeune homme d’une voix solennelle, le moment approche où vous allez avoir à rendre compte à la justice humaine de tous vos crimes. Est-ce que cela ne vous fait pas trembler ? est-ce que la crainte du châtiment terrible qui vous attend ne pénètre pas dans votre âme, à défaut de remords ?

– C’est selon, répondit le bandit.

– Écoutez, poursuivit Marius ; quel que soit votre endurcissement, vous ne pouvez méconnaître une intervention providentielle dans ce qui se passe ce soir ; un autre eût pu courir sur vos traces ; un autre que moi, qui ne peux pas et qui ne veux pas vous