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Ce couteau, que le bandit tenait caché dans sa manche, venait d’être lancé par lui comme un javelot. Sans doute, la suffocation de la course l’avait empêché de se servir de cette arme avec la dextérité ordinaire aux hommes de la Provence, de sorte que la blessure était légère.

Marius se rua avec tant de violence sur celui qui venait de tenter de l’assassiner, que tous les deux roulèrent sur le sable. L’homme, par un effort suprême, tenta de se relever ; mais la vigueur peu commune de Marius lui permit de maintenir son adversaire renversé et de maîtriser sa main droite, avec laquelle il essayait, mais vainement, de saisir un autre instrument de mort.

– Tron de l’air ! s’écria l’assassin lorsqu’il fut bien convaincu de l’inutilité de ses efforts, pas de bêtise, mon pichon ! Je me rends, et, comme je me rends, je vous coupe le droit de me tuer ; c’est une affaire entre moi et la guillotine ; laissez-nous nous débarbouiller tous les deux.

Au son de cette voix, Marius sentit son sang se figer dans ses veines ; pendant quelques secondes sa respiration demeura complètement suspendue ; il devint, certes, plus pâle que celui qu’il tenait sous son genou.

– Non, c’est impossible, murmura-t-il, en se parlant à lui-même.