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Si résignée qu’elle parût, cette idée qu’elle allait quitter la maison de l’ex-portefaix et ne plus voir ce dernier la bouleversait ; elle ne pouvait se figurer que ce fût possible.

– Mais, dit-elle timidement, et après beaucoup d’hésitation, à son fils, comment ferons-nous pour annoncer notre détermination à M. Coumbes ?

– Je m’en chargerai, ma mère.

– Mon Dieu ! que deviendra-t-il lorsqu’il sera seul ?

Le jeune homme lut dans l’âme de sa mère ; il vit ce que lui coûtait ce sacrifice.

– Mère, lui dit-il respectueusement, mais fermement, je n’oublierai jamais ce que je dois à mon bienfaiteur : toute ma vie, je me souviendrai qu’il m’a bercé, enfant, sur ses genoux ; que, pendant vingt ans, j’ai mangé son pain ; soir et matin, son nom reviendra dans mes prières, et j’espère que Dieu ne me laissera pas mourir sans que j’aie prouvé tout ce qu’il y a pour cet homme de reconnaissance et d’amour dans mon cœur ; mais je ne crois pas possible que nous prolongions davantage notre séjour dans cette maison.

Puis, voyant qu’à cette phrase les pleurs de Millette avaient redoublé :

– Il ne m’appartient pas de peser davantage sur vos résolutions ! ma bonne mère, ajouta-t-il ; je comprends