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contre celui qui nous a fait ces mauvais destins, et il ne m’est pas permis de m’y associer. Je ne peux que déplorer le sort de Pierre Manas, de mon père. Votre faute sera bien légère lorsque Dieu la placera dans la balance où il pèse toutes nos actions. Il ne sera pas pour vous plus sévère qu’il ne le serait pour un ange qui, comme vous, eût failli, j’en suis sûr. Quant à votre enfant, depuis que vous lui avez révélé toutes ces douleurs de votre vie, il vous aime cent fois plus qu’il ne le faisait auparavant, parce qu’il vous sait malheureuse : prenez donc courage.

Marius se leva et fit quelques pas dans la chambre.

– Demain, mère, dit-il, nous aurons deux devoirs à remplir.

– Lesquels ? demanda Millette, qui écoutait le jeune homme avec une attention presque religieuse.

– Le premier sera de quitter cette maison.

– Nous partirons !

– Soyez tranquille, mère, sur votre sort à venir ; je suis fort, courageux, et avec le sentiment du devoir que vous avez si fortement gravé dans mon âme, vous pouvez, sans crainte, vous appuyer sur moi et ne compter désormais que sur votre fils.

– Oh ! je te le promets, cher enfant.

– Ensuite, reprit le jeune homme d’une voix