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– Marius !

– À l’affût de quelque nouveau crime.

– Oh ! tais-toi, tais-toi !

– Pourquoi me taire, ma mère ?

– Oh ! si tu savais qui tu blasphèmes ! si tu savais à qui s’adressent tes paroles, s’écria Millette éperdue.

– Ma mère, quel est cet homme ? Nommez-le, il le faut. Lorsqu’il s’agit de notre honneur, que seul j’ai le droit de défendre, il m’est permis de commander et je commande.

Puis, effrayé de la stupeur avec laquelle Millette écoutait la voix, ordinairement tendre de son fils, devenir sévère et menaçante, celui-ci reprit :

– Non, je ne commande pas ; mes prières et mes larmes ne sont-elles pas sur vous toutes-puissantes ? Je pleure et je supplie. Je me jette à mon tour à vos genoux et je vous conjure. Ma mère, expliquez-moi par quel affreux hasard il peut exister quelques rapports entre vous, si sage, si honnête, si vertueuse, et cet horrible personnage !

– Tu sauras tout, mon enfant ; mais tais-toi, je t’en supplie une fois encore ; ne parle pas ainsi. Tu me disais tantôt : « Une mère, c’est un Dieu pour son enfant : comme lui, elle est infaillible. » Eh bien, Marius, cet homme aussi, tu dois déplorer et soulager sa misère ; les torts qu’il peut avoir, tu n’as pas le droit d’y porter les yeux ; ses crimes, tu dois les