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fagot d’arbustes tordus et rabougris, ni plus ni moins que si elle eût eu cent arpents.

L’ex-portefaix n’avait pu posséder un semblant d’ombrage sans penser à en tirer tout le parti possible. Il avait donc établi un banc dans cette pinède et la tâche n’était pas facile, les pins les plus élevés représentant exactement un parapluie dont le manche aurait été fiché en terre. Cependant, en courbant raisonnablement sa tête, en recroquevillant ses jambes, on pouvait s’asseoir sur le banc de M. Coumbes. La position n’était pas des plus commodes ; mais, comme, en somme, à l’exception des alentours du figuier que M. Coumbes se réservait, c’était là le seul endroit où l’on connût un semblant d’ombre ; comme, de ce banc placé à deux pas de la grille, on voyait les rares passants qui traversaient la route, Millette, que son maître n’avait point gâtée sur le chapitre des distractions, avait pris l’habitude de venir chaque jour y raccommoder le linge du ménage.

Millette venait de s’asseoir toute pensive à sa place favorite lorsque Marius la rejoignit ; en le voyant venir, elle sentit ses angoisses redoubler ; deux larmes perlèrent à ses cils, puis descendirent lentement le long de ses joues, que la douleur rendait plus pâles : elle prit les mains de son fils ; suffoquée par l’émotion, elle ne put parler, mais elle lui fit signe de se placer auprès d’elle.