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que l’on approchait du moment fatal ; vingt fois elle avait été tentée de raconter à son fils la triste histoire de sa vie, toujours le courage lui avait manqué au moment de parler. Si bien qu’au fond, Marius continuait de se croire le fils de M. Coumbes.

L’occasion de délivrer son âme de l’anxiété qui l’oppressait depuis plusieurs mois, se présentait trop favorablement pour que Millette ne songeât pas une fois de plus à faire à son fils cette douloureuse confidence.

Elle suivait ce que M. Coumbes appelait pompeusement l’avenue et ce qui n’était en réalité, qu’une médiocre allée traversant le clos dans toute sa longueur et aboutissant à la rue ; elle scrutait sa conscience, elle cherchait ce qui pouvait servir d’excuse à une faute dont, à présent, elle appréciait les funestes conséquences ; elle se demandait ce qu’elle pourrait répondre à son fils si celui-ci lui reprochait de n’avoir pas su conserver son honneur, le seul bien qu’il eût à attendre d’elle.

À l’extrémité de l’avenue, puisqu’il faut l’appeler par son nom, M. Coumbes avait planté quelques douzaines de pins qui, malgré l’acharnement qu’ils mettaient à vivre, n’étaient jamais parvenus à élever ce qu’il faut bien aussi désigner par le mot de cimes, à la hauteur du mur qui les entourait. Il va sans dire que le propriétaire du cabanon nommait sa pinède ce