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Les murailles du cabanon revêtirent tour à tour toutes les couleurs du prisme. Des tons plats, M. Coumbes passa aux arabesques, puis il se lança dans les fictions architecturales avec plus ou moins de perspective. Le cabanon fut successivement un temple grec, un mausolée, un Alhambra, une caverne norvégienne, une hutte couverte de neige.

À l’époque où commence cette histoire, et subissant, comme tous les artistes, l’influence de la fièvre romantique qui agitait le monde, M. Coumbes avait métamorphosé son habitation en château du moyen-âge. Rien ne manquait à la fidélité de la miniature, ni les fenêtres ogivées, ni les créneaux, ni les mâchicoulis, ni les meurtrières, ni les herses peintes sur les portes.

Avisant dans la cheminée deux billes de bois de chêne, qui attendaient là qu’on les fît table ou armoire, M. Coumbes jugea qu’elles seraient beaucoup plus propres à ajouter à la couleur et au style de sa demeure, et les sacrifia sans regret. Façonnées de ses mains, elles devinrent deux tourelles, furent plaquées aux deux angles du bâtiment, et dressèrent vers le ciel des girouettes ornées d’armoiries comme jamais ni d’Hozier ni Chérin n’eurent certainement l’idée d’en blasonner. Ce coup de pinceau du maître donné à son tableau, M. Coumbes se mit à le contempler de l’air dont Perrault