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entendre. Pendant toute la semaine, il avait vécu sur l’espérance que le dimanche qui allait venir ressemblerait au dimanche précédent, et, comme, le matin, la brusque irruption de M. Coumbes dans le jardin l’avait empêché d’avertir Madeleine de son absence, il tremblait qu’elle n’attribuât cette absence à une indifférence si éloignée des sentiments qu’il ressentait pour elle ; il redoutait de voir s’évanouir les beaux rêves qu’il avait, pendant huit jours, si tendrement caressés.

Le soleil baissait à l’horizon : déjà il teignait de pourpre et d’or les cimes de Pomègue et les blanches murailles du château d’If ; la journée touchait à sa fin, et, subissant les impressions que nous venons de décrire, le jeune homme se courbait sur les avirons pour faire franchir à la lourde barque la distance qui la séparait encore du logis.

M. Coumbes considérait d’un œil narquois les efforts de son filleul, et, sous le spécieux prétexte que la saveur de la bouillabaisse croît en raison directe de la fraîcheur du poisson, il l’exhortait à les redoubler ; ce qui ne l’empêcha pas, lorsqu’ils eurent pris terre et quand Marius déjà s’élançait pour regagner le cabanon, de le retenir afin de compléter, par la pratique, la théorie d’un art que, depuis le matin, il ne cessait de lui exposer, afin de lui démontrer que ce n’était rien de savoir prendre du poisson, si