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du bouleversement de la physionomie de son maître, prit la lampe et monta dans sa chambre.

Voici ce que contenait le papier qu’il avait ramassé :

« Triste nouvelle, ami ! j’ai le cœur bien gros en vous la donnant ; mon cœur se révolte contre ma plume qui va l’écrire. Ce dimanche dont nous nous faisions fêtes, il sera pour moi, pour vous, aussi long, que sont vides et longs les jours de semaine qui séparent nos pauvres entrevues ! J’espérais échapper à l’obligation de figurer dans le dîner de famille dont je vous ai parlé ; mais cela m’a été impossible : mon frère, avec d’autres intentions que les miennes sans doute, avait pris exactement la même résolution que moi : celle de ne pas paraître à cette ennuyeuse fête ; j’ai prié, pleuré, supplié ; – je vous le dis pour que vous en soyez orgueilleux, ami ; – rien n’a pu vaincre son obstination. Nos projets nous commandent si fort de le ménager, que vous ne m’en voudrez pas trop d’avoir cédé ; d’ailleurs, ma soumission est de bon augure pour notre ménage futur. Courage donc, ami ! et réunissons tous nos vœux pour que Dieu abrège non seulement les heures qui nous tiennent éloignés l’un de l’autre, mais celles que nous avons à voir s’écouler avant le jour où nous pourrons