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mait paisiblement ; une respiration cadencée agitait sa poitrine à intervalles égaux ; sa physionomie était calme ; un sourire passait sur ses lèvres ; la vie persistait dans le sommeil. Elle rêvait probablement à celui dont son maître, en ce moment même, préparait la mort.

Ce rapprochement se fit immédiatement dans la cervelle de M. Coumbes, qui cependant n’en faisait guère ; il le contrista ; pour la première fois de sa vie, il se reprocha tout ce qu’il y avait eu de dévouement humble et profond, d’abnégation et de tendresse dans la vie de sa servante ; pour la première fois, il s’aperçut qu’elle était noble et grande, qu’il était petit et mesquin ; son fusil s’échappa de ses doigts et tomba à grand bruit sur le carreau ; mais, si l’impression avait été inattendue, la réaction fut soudaine ; la conviction qui venait de lui être donnée de ses torts quintupla la colère primitive de M. Coumbes. Il ne releva pas son fusil, mais il tira pêne et verrous, et, désarticulant un balai qui se trouva à sa portée, il en saisit le manche et s’élança au dehors, très décidé à s’en servir pour ce à quoi Dieu l’avait destiné.

Il courut au mur ; à sa grande surprise, il n’y trouva plus l’échelle. Il revint à la maison ; le drap accusateur était rentré dans sa coquille, et cette coquille, c’est-à-dire la fenêtre du fils de Millette, parfaitement close,