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gorges d’Ollioules, entendait retenir de rochers en rochers le cri d’appel de Gaspard de Bresse. Ce coup de sifflet lui donna la chair de poule ; une sueur froide perla sur son front.

Il n’avait nullement apprécié les bienfaits de la paix profonde dans laquelle ses anciens persécuteurs l’avaient laissé depuis près de six mois ; ses désespoirs horticoles avaient alimenté la haine vigoureuse qu’il nourrissait contre eux ; les conseils de Millette, les observations de Marius étaient venues se briser contre les idées que le dépit et l’envie lui mettaient en tête. En s’exagérant dans la solitude, ce dépit, cette envie lui avait fait franchir les limites de l’absurde : jamais il n’eût voulu admettre que ce fût pour l’agrément de ses propriétaires que le jardin Riouffe jetait tant de parfums aux brises de la mer ; il était convaincu que ce luxe de verdure et de fleurs n’avait qu’un but, celui de l’humilier, de lui faire pièce, et, chaque jour, il s’attendait à pis.

En recevant cette preuve des relations de son filleul avec ses ennemis, en le supposant lié à eux par un pacte, associé aux mauvais desseins qu’il leur supposait, toujours prêt à livrer le côté faible de la place pour rendre plus aiguës les persécutions dont il se croyait encore menacé, M. Coumbes frémit de colère ; dans le transport de sa fureur, sa première pensée fut de se servir contre le traître de son expé-