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son lit et allait réveiller le fils de Millette ; il l’appela plusieurs fois sans obtenir de réponse ; il mit la clef dans la serrure et ouvrit brusquement la porte en apostrophant le jeune homme de toutes les épithètes inventées pour la confusion des paresseux, rien ne lui répondit ; il souleva violemment la couverture sans rencontrer de résistance ; alors il tâta les matelas avec sa main et il s’aperçut que la place que devait occuper Marius était froide et vide.

L’excellente conduite du pupille de M. Coumbes, le respectueux attachement qu’il témoignait à celui qu’il considérait comme son bienfaiteur n’avaient jamais, nous l’avons vu, triomphé des répugnances que ce dernier nourrissait à son égard.

M. Coumbes pensa sur-le-champ à son argent ; son imagination primesautière, comme toutes les imaginations méridionales, tira de cette évasion nocturne de déplorables conclusions. Il fit un bond du côté de l’escalier pour courir au secours de son secrétaire, qu’il se représentait forcé, brisé, effondré, pantelant, avec ses sacs d’écus éventrés et deux mains se promenant amoureusement dans leurs flancs entrouverts et prenant un bain métallique.

Presque au même instant, M. Coumbes s’arrêta.

Il venait de réfléchir que chaque soir, – M. Coumbes était un homme rempli de précautions – il accotait le chevet de son lit au volet de ce meuble