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qui trois par trois venaient briser leurs spirales énormes sur les rochers, calculant ce que leurs flancs pouvaient contenir de poisson et la distance qui séparait ce poisson de ses casseroles, et tout disposé à faire fouetter, comme Xercès, la mer qui se refusait à lui livrer la proie qu’il convoitait si ardemment.

Il avait bien essayé de se venger sur les loups et mulets qui, par les gros temps, se rapprochent des eaux douces ; il aurait été, en suivant la côte, jeter la ligne à l’embouchure de l’Huveaune ; mais, comme un jour il s’était imprudemment avancé pour lancer plus au large son hameçon, une lame monstrueuse l’avait renversé, et sans un jeune militaire, adepte fanatique et enthousiaste, qui depuis deux heures était assis à ses côtés et prenait in petto une leçon de cet habile professeur, celui-ci, puni de la peine du talion, eût été entraîné et fût allé offrir aux habitants de la Méditerranée une vengeance tout à la fois facile et savoureuse à exercer.

Et puis, disons-le à sa gloire, le loup, le mulet étaient des gibiers que M. Coumbes dédaignait. Marseillais classique, il n’estimait que le poisson de roche, et ceux-là, accusés de conserver un goût de vase, ne lui semblaient pas plus que le maquereau dignes des honneurs de sa table.

Lorsque la mer se décidait à faire quelque concession de bon voisinage à M. Coumbes, lorsqu’elle