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À son extrémité méridionale, une saillie de pierre faisait rempart et ménageait, entre lui et la face verticale, un abri de quelques pas de largeur dans lequel on pouvait se trouver garanti à la fois contre le vent du nord ouest et contre l’indiscrétion des promeneurs.

En remarquant que le bissac du mendiant s’y trouvait, Marius voulut y transporter le misérable.

– Non, non, dit celui-ci, la nuit est venue ; je suis bien ici. Je ne me soucie pas de m’exposer à une seconde culbute ; seulement, approchez de moi la soute aux vivres.

Marius comprit ce que le blessé désignait ainsi ; il ramassa le sac de toile qu’il avait aperçu ; ce sac était beaucoup plus lourd qu’il ne semblait en apparence ; il rendit en tombant sur le roc un bruit de ferraille qui étonna le jeune homme.

– Qu’avez-vous donc là dedans ? dit-il.

– Tron de l’air ! et que t’importe ? ne veux-tu pas faire le curieux toi aussi ? Va me vendre aux gabelous, si tu l’oses, et, avant qu’il soit la Saint-Jean prochaine, tu verras flamber ta bicoque ; je te le jure.

– À mon tour, je vous jure que, malgré vos menaces, je vais le faire, mon brave ; vous m’avez l’air de tout autre chose que d’un pauvre qui demande honnêtement sa vie à la charité des chrétiens.