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la jeune fille fut de se précipiter vers lui, de le prendre dans ses bras, d’essayer de l’adosser contre les parois du rocher pour le rappeler à la vie.

Mais, quel que fût son courage, cette tâche était au-dessus de ses forces ; la tête de l’homme qu’elle avait soulevée s’échappa de ses mains et retomba inerte sur le sol. Madeleine le crut mort ; une terreur irrésistible s’empara de ses sens ; elle voulut fuir, mais ses genoux chancelants se dérobèrent sous elle ; elle voulut à son tour appeler à son secours, mais sa voix mourut dans sa gorge ; elle ne réussit qu’à pousser un cri rauque et inarticulé ; elle tomba aux côtés de l’homme, inanimée comme lui.

Si faible qu’eût été cet appel, il avait été entendu.

Un homme parut sur la crête du rocher qui dominait cette scène d’une douzaine de pieds, et, sans hésiter une seconde, et d’un bond qui supposait une vigueur de muscles extraordinaire, il s’élança auprès de Madeleine.

Au milieu de son trouble, dans celui qui venait si subitement à son secours, Madeleine reconnut Marius ; malgré le désordre de ses idées, elle vit clairement à l’angoisse, à la tendresse peinte sur la physionomie du fils de Millette, que Dieu n’avait point exaucé la prière que celui-ci lui avait adressée dans la chapelle de la Major.