Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du propriétaire décident du titre que porte toute habitation extra-muros, bien plus que la taille ou l’architecture de ladite habitation. Si le Marseillais est orgueilleux, la maison sera un château ; s’il est simple, elle deviendra une bastide ; s’il est modeste, il la nommera un cabanon. Mais lui seul peut établir cette classification, car rien ne ressemble autant à un château marseillais qu’une bastide, si ce n’est peut-être un cabanon.

Parlons tout ensemble du cabanon et de son propriétaire.

Le propriétaire de la maison de la Pointe-Rouge était un ancien portefaix. Depuis que la ville de Marseille a envoyé à l’assemblée un ou deux portefaix pour la représenter, on se fait généralement une idée très fausse des membres de cette corporation. Quelques personnes supposent que tous les habitants de notre grand port méditerranéen sont portefaix ; d’autres, que tous les portefaix sont millionnaires. La vérité est que cette profession, qui ne compte pas à Marseille moins de trois à quatre mille membres, est lucrative à la fois pour les ouvriers et pour les maîtres, sous la responsabilité desquels ceux-là travaillent.

Les maîtres portefaix entreprennent le déchargement des navires à forfait ; le tarif varie avec les circonstances, et pour eux et pour les hommes de peine