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Son dévouement à son frère commençait à donner de très appréciables résultats. Cédant à l’influence de Madeleine, Jean Riouffe se montrait moins avide de plaisirs, il devenait de plus en plus froid avec ses compagnons de débauches ; plusieurs fois déjà il avait manifesté l’intention de s’établir.

Le moment approchait donc où la tâche de sa sœur serait accomplie, où l’entrée d’une belle-sœur dans la maison rendrait le rôle de celle-ci bien difficile, où elle se trouverait comme une étrangère au milieu de la nouvelle famille de son frère. Ce qu’autrefois elle avait envisagé d’un œil calme, ce qu’elle avait appelé de tous ses vœux, elle ne pouvait plus y songer sans terreur. Elle se demandait ce qu’elle deviendrait lorsqu’elle ne saurait plus où étancher la soif d’amour qui dévorait son âme, et elle sentait ses yeux qui se remplissaient de larmes et son cœur qui se déchirait.

Il y avait entre celui qu’elle croyait le fils de M. Coumbes et elle une grande différence de position ; mais, si l’habitude d’une vie réglée et positive avait mûri son esprit, les chagrins de sa jeunesse avaient dégagé sa raison des préjugés qui pouvaient l’obscurcir.

Après ce qu’elle avait entrevu du caractère de Marius, elle pensa qu’elle avait plus à gagner à descen-