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Donnons sur-le-champ le mot de cette énigme, et pour cela retournons un peu en arrière.

Mlle Madeleine, après la conversation dans laquelle elle avait surmonté les répugnances que son frère manifestait pour les excuses dont Marius avait déclaré se contenter, s’était rendue à la Major ; elle voulait remercier Dieu d’avoir permis qu’elle terminât pacifiquement une affaire qui, si les deux jeunes gens se fussent rencontrés, si la résolution de l’un se fût trouvée placée en face de l’amour-propre de l’autre, eût eu nécessairement un dénouement sanglant.

Nous avons vu comment le hasard conduisit Marius dans la chapelle même où se trouvait la jeune fille ; comment, dans le désordre de ses idées, celui-ci fut amené à se croire seul ; comment et dans quels termes le nom de Madeleine sortit de ses lèvres.

Mlle Riouffe rentra fort émue à sa demeure ; elle cherchait à s’égayer sur la passion instantanée qu’elle avait inspirée à ce jeune homme ; ses lèvres seules trouvaient un sourire, son cœur restait grave, il devenait rêveur. Elle essaya de raconter à son frère l’extravagance de cet adolescent. Au premier mot qu’elle en dit, elle demeura interdite, n’acheva pas et fut réduite à chercher un mensonge pour dissimuler son embarras.

Peu à peu cette extravagance changea et d’aspect