Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à demander à sa sœur les raisons de cette contradiction flagrante avec ses impressions premières ; cette vente faisait rentrer dans sa poche un argent qui, depuis quelque temps, lui faisait défaut ; il y consentit à l’instant même.

Cette acquisition n’eut que dans ses débuts le caractère du caprice. Chaque jour Mlle Madeleine s’y attacha davantage. Elle parlait peu de son chalet, n’invitait personne autre que son frère à l’y accompagner, mais tout concourait à prouver qu’elle y pensait sans cesse.

C’était elle qui présidait aux soins qui avaient changé l’enclos en un Éden, dont les émanations avaient si cruellement poursuivi M. Coumbes ; sa préoccupation constante des améliorations, des embellissements à y apporter lui fournissait des distractions qui, quelquefois, lui faisaient négliger les affaires ; sa passion pour les fleurs la lançait dans des acquisitions que son frère, en se reportant aux habitudes d’ordre et d’économie que tant de fois sa sœur lui avait données pour exemple, ne pouvait comprendre ; enfin, les commis eux-mêmes remarquèrent avec une stupéfaction profonde que, le samedi soir, leur jeune patronne, qui, jadis, restait la dernière à son travail, regardait maintenant sans cesse à sa montre, comme pour s’assurer si l’heure du départ pour la campagne n’arrivait pas.