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celle-ci, sincèrement affligée de voir les tristes humeurs de son maître survivre à leur cause, essayait de constater cette amélioration.

Il ne lui était plus permis de recouvrer la douce quiétude, l’indifférence qui, jusque-là, avaient caractérisé sa vie. Les méchants sentiments ressemblent aux mauvaises herbes des champs ; un brin de racine suffit pour les perpétuer. L’envie et son cortège avaient pris possession du cœur de M. Coumbes, tout lui était prétexte pour n’en plus sortir ; à défaut du maître, ce fut le jardin du chalet qui empoisonna l’existence de l’ex-portefaix.

Ce jardin n’était ni plus long ni plus large, ni moins mal situé, ni mieux exposé que celui de M. Coumbes, et pourtant, l’année dans laquelle on était entré n’ayant pas ressemblé à la précédente, les résultats se montraient bien différents : celui de M. Coumbes avait de plus belle repris cet aspect de poêle à frire que nous avons longuement dépeint au commencement de ce volume. En dépit du mistral et du soleil, celui de Riouffe demeurait frais, luxuriant et parfumé. De nombreux apports de terreau avaient déjà modifié le sol ; des rideaux de tamaris et de cyprès plantés grands avec la terre dans laquelle ils avaient poussé ; des abris nombreux en paille protégeaient les plantes ; si, malgré tant de précautions, la sécheresse ou la bise parvenait à les détruire, elles