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médecin appelé lui avait trouvé la fièvre. On l’avait couché ; mais, même dans la solitude de sa petite chambre, il n’eut point la pensée d’écrire à la jeune fille ; il était convaincu que, dans sa légitime indignation, elle ne pouvait faire moins que de lui renvoyer sa lettre sans la lire.

Cependant M. Coumbes ne fut pas réduit à faire usage de son talent à manier les armes à feu. M. Riouffe et sa sœur ne se présentèrent point à la grille du cabanon.

Dans la soirée, M. Coumbes reçut de son jeune voisin une lettre polie dans laquelle celui-ci reconnaissait ses torts, avec la déférence due à l’âge de l’ex-portefaix et le priait de les oublier.

M. Coumbes manqua de générosité comme il avait manqué de cette grandeur d’âme qui commande l’oubli des injures ; – ce n’est point impunément qu’on atrophie ses sentiments. – Loin de voir dans cette démarche un aveu noble et loyal qui réparait dignement une faute, il se figura qu’elle avait été inspirée par ses menaces ; car il ne doutait pas que Marius n’en eût été le fidèle interprète. Depuis qu’il s’était senti quelques velléités guerrières, il était un peu jaloux du rôle que celui qu’il considérait comme un enfant avait joué dans son affaire, et il se trouvait satisfait d’être placé tout au moins au niveau de Marius.