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ont piétiné le sable de ses allées ; et l’hospitalité qu’il leur donnait a singulièrement porté bonheur à M. Clary ; ses enfants ont été emportés dans le tourbillon qui poussait ses hôtes vers les trônes, et ils ont pris place sur les premiers degrés. Peu s’en fallut même que la plus jeune des demoiselles Clary ne fût appelée à partager la destinée du futur maître du monde. Il fut question d’un mariage entre elle et le jeune commandant d’artillerie ; mais, comme le dit plus tard le notaire de madame Bauharnais en semblable circonstance, on ne pouvait épouser un homme qui n’avait que la cape et l’épée.

Disons-le bien vite : ce n’est point de ces demi-dieux d’hier que nous avons à vous entretenir, cher lecteur. Nous n’avons pas su résister à un mouvement d’orgueil patriotique ; nous avons éprouvé le besoin de vous apprendre qu’après tout, Montredon n’est pas aussi humble qu’il en a l’air ; qu’il a, comme toute autre ville, ses droits à une célébrité dont il est juste que chacun de ses enfants se fasse gloire, et, ceci concédé, nous nous hâterons de vous avertir consciencieusement que nous n’avons fait là qu’une digression, que nos futurs personnages sont tout petits, tout modestes, que notre drame naît, vit et se dénoue sur un grain de sable, et que, si nos acteurs ont fait du bruit en ce monde, ce bruit s’est arrêté bien certainement à la vieille chapelle d’un