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Mais un songe modifia cette impression de M. Coumbes ; il rêva qu’il était devenu un de ces quatre fils Aymon dont, dans sa jeunesse, il avait entendu narrer l’histoire, et que, d’un seul coup de son terrible cimeterre, il pourfendait M. Riouffe et toute sa société de démons et de diablesses, démolissait le chalet et en envoyait les débris s’abîmer dans le golfe.

Ce cauchemar s’était si profondément incrusté dans le cerveau de M. Coumbes, qu’en s’éveillant il jeta précipitamment un coup d’œil dans la chambre, tant il était convaincu que le corps de son ennemi devait s’y trouver étendu ; il n’aperçut qu’une vieille couffe qui, après avoir apporté de Smyrne une balle de figues, servait de tapis au lit de l’ex-portefaix ; mais, en relevant la tête, le regard de celui-ci rencontra le regard de Marius, qui en ce moment ouvrait la porte de la chambre, et il entrevit sur les lèvres du jeune homme un sourire qu’il prit pour une preuve que son rêve pourrait bien être une réalité.

Dans son transport, il oublia tous les principes de la bienséance et se précipita à bas de son lit, sans prendre le temps d’atténuer la légèreté de son costume.

– Eh bien ? s’écria-t-il du ton qu’Alexandre devait prendre pour interroger ses lieutenants.