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cimen de l’aridité qui caractérisait jadis les environs de la vieille cité des Phocéens.

Montredon vient après cette trinité de villages que l’on appelle Saint-Geniès, Bonneveine et Masargues : il est situé à la base de ce triangle qui, s’avançant dans la mer et protégeant la rade du vent d’est, se nomme le cap Croisette. Il est bâti au pied de ces immenses masses d’un calcaire gris et azuré, sur les pentes desquelles poussent avec peine quelques buissons rabougris, dont le soleil et la poussière blanchissent encore les feuilles grisâtres.

Rien de plus morne, de plus triste, que la perspective de ces masses grandioses : il semblerait que jamais les hommes n’eussent pu raisonnablement songer à planter leurs tentes sur les assises désolées de ces remparts de pierre, que Dieu n’avait placés là que pour garantir la côte des envahissements de la mer ; et cependant, bien avant 1787, Montredon avait, outre ses chaumières, de nombreuses maisons de campagne, dont l’une est célèbre, sinon par elle-même, du moins par la renommée de ceux qui l’ont habitée.

Le parc magnifique, que MM. Pastré ont entouré de murs, renferme dans son enceinte une modeste villa qui a servi d’asile à la famille Bonaparte, lors du long séjour qu’elle fit à Marseille pendant la Révolution ; les rois et les reines de la moitié de l’Europe