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III

L’APPARITION.

Comme l’avait dit le procureur du roi à madame Danglars, Valentine n’était point encore remise.

Brisée par la fatigue, elle gardait en effet le lit, et ce fut dans sa chambre, et de la bouche de madame de Villefort, qu’elle apprit les événements que nous venons de raconter, c’est-à-dire la fuite d’Eugénie et l’arrestation d’Andréa Cavalcanti, ou plutôt de Benedetto, ainsi que l’accusation d’assassinat portée contre lui.

Mais Valentine était si faible, que ce récit ne lui fit peut-être point tout l’effet qu’il eût produit sur elle dans son état de santé habituel.

En effet, ce ne fut que quelques idées vagues, quelques formes indécises de plus mêlées aux idées étranges et aux fantômes fugitifs qui naissaient dans son cerveau malade ou qui passaient devant ses yeux, et bientôt même tout s’effaça pour laisser reprendre toutes leurs forces aux sensations personnelles.

Pendant la journée, Valentine était encore maintenue dans la réalité par la présence de Noirtier, qui se faisait porter chez sa petite-fille et demeurait là, couvant Valentine de son regard paternel ; puis, lorsqu’il était revenu du Palais, c’était Villefort à son tour qui passait une heure ou deux entre son père et son enfant.

À six heures Villefort se retirait dans son cabinet ; à huit heures arrivait M. d’Avrigny, qui lui-même apportait la potion nocturne préparée pour la jeune fille ; puis on emmenait Noirtier.