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Comme l’avait ordonné le comte, Danglars fut servi par Vampa, qui lui fit apporter le meilleur vin et les plus beaux fruits de l’Italie, et qui, l’ayant fait monter dans sa chaise de poste, l’abandonna sur la route, adossé à un arbre.

Il y resta jusqu’au jour, ignorant où il était.

Au jour, il s’aperçut qu’il était près d’un ruisseau : il avait soif, il se traîna jusqu’à lui.

En se baissant pour y boire, il s’aperçut que ses cheveux étaient devenus blancs.



XX

LE 5 OCTOBRE.

Il était six heures du soir à peu près ; un jour couleur d’opale, dans lequel un beau soleil d’automne infiltrait ses rayons d’or, tombait du ciel sur la mer bleuâtre.

La chaleur du jour s’était éteinte graduellement, et l’on commençait à sentir cette légère brise qui semble la respiration de la nature se réveillant après la sieste brûlante du midi, souffle délicieux qui rafraîchit les côtes de la Méditerranée et qui porte de rivage en rivage le parfum des arbres, mêlé à l’âcre senteur de la mer.

Sur cet immense lac qui s’étend de Gibraltar aux Dardanelles et de Tunis à Venise, un léger yacht, pur et élégant de forme, glissait dans les premières vapeurs du soir. Son mouvement était celui du cygne qui ouvre ses ailes au vent et qui semble glisser sur l’eau. Il s’avançait,