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Monte-Cristo, tout à coup, se frappa le front et laissa errer sur ses lèvres entr’ouvertes un rire silencieux.

Puis, se rapprochant d’Ali :

— Demeure ici, lui dit-il tout bas, caché dans l’obscurité, et quel que soit le bruit que tu entendes, quelque chose qui se passe, n’entre et ne te montre que si je t’appelle par ton nom.

Ali fit signe de la tête qu’il avait compris et qu’il obéirait.

Alors Monte-Cristo tira d’une armoire une bougie tout allumée, et au moment où le voleur était le plus occupé à sa serrure, il ouvrit doucement la porte, ayant soin que la lumière qu’il tenait à la main donnât tout entière sur son visage.

La porte tourna si doucement que le voleur n’entendit pas le bruit. Mais, à son grand étonnement, il vit tout à coup la chambre s’éclairer.

Il se retourna.

— Eh ! bonsoir, cher monsieur Caderousse, dit Monte-Cristo ; que diable venez-vous donc faire ici à une pareille heure ?

— L’abbé Busoni ! s’écria Caderousse.

Et ne sachant comment cette étrange apparition était venue jusqu’à lui, puisqu’il avait fermé les portes, il laissa tomber son trousseau de fausses clefs, et resta immobile et comme frappé de stupeur.

Le comte alla se placer entre Caderousse et la fenêtre, coupant ainsi au voleur terrifié son seul moyen de retraite.

— L’abbé Busoni ! répéta Caderousse en fixant sur le comte des yeux hagards.

— Eh bien ! sans doute, l’abbé Busoni, reprit Monte-Cristo, lui-même en personne, et je suis bien aise que