Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— À la bonne heure ! dit Albert.

— Mais quand je me serai assuré que le fait est faux.

— Comment !

— Oui, la chose vaut la peine d’être éclaircie, et je l’éclaircirai.

— Mais que voyez-vous donc à éclaircir dans tout cela, monsieur ? dit Albert, hors de toute mesure. Si vous ne croyez pas que ce soit mon père, dites-le tout de suite ; si vous croyez que ce soit lui, rendez-moi raison de cette opinion.

Beauchamp regarda Albert avec ce sourire qui lui était particulier, et qui savait prendre la nuance de toutes les passions.

— Monsieur, reprit-il, puisque monsieur il y a, si c’est pour me demander raison que vous êtes venu, il fallait le faire d’abord et ne point venir me parler d’amitié et d’autres choses oiseuses comme celles que j’ai la patience d’entendre depuis une demi-heure. Est-ce bien sur ce terrain que nous allons marcher désormais, voyons ?

— Oui, si vous ne rétractez pas l’infâme calomnie !

— Un moment ! pas de menaces, s’il vous plaît, monsieur Fernand de Mondego, vicomte de Morcerf ; je n’en souffre pas de mes ennemis, à plus forte raison de mes amis. Donc, vous voulez que je démente le fait sur le colonel Fernand, fait auquel je n’ai, sur mon honneur, pris aucune part ?

— Oui, je le veux ! dit Albert, dont la tête commençait à s’égarer.

— Sans quoi, nous nous battrons ? continua Beauchamp avec le même calme.

— Oui ! reprit Albert en haussant la voix.

— Eh bien ! dit Beauchamp. voici ma réponse, mon