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mutuellement reçu ; puis, le mariage célébré, ils mettent les millions à votre disposition, comme chef de la communauté.

— C’est que, dit Andrea avec une certaine inquiétude mal dissimulée, je croyais avoir entendu dire à mon beau-père qu’il avait l’intention de placer nos fonds dans cette fameuse affaire de chemin de fer dont vous me parliez tout à l’heure.

— Eh bien ! mais, reprit Monte-Cristo, c’est, à ce que tout le monde assure, un moyen que vos capitaux soient triplés dans l’année. M. le baron Danglars est bon père et sait compter.

— Allons donc, dit Andrea, tout va bien, sauf votre refus, toutefois, qui me perce le cœur.

— Ne l’attribuez qu’à des scrupules fort naturels en pareille circonstance.

— Allons, dit Andrea, qu’il soit donc fait comme vous le voulez ; à ce soir, neuf heures.

— À ce soir.

Et malgré une légère résistance de Monte-Cristo, dont les lèvres pâlirent, mais qui cependant conserva son sourire de cérémonie, Andrea saisit la main du comte, la serra, sauta dans son phaéton et disparut.

Les quatre ou cinq heures qui lui restaient jusqu’à neuf heures, Andrea les employa en courses, en visites destinées à intéresser ces amis, dont il avait parlé, à paraître chez le banquier avec tout le luxe de leurs équipages, les éblouissant par ces promesses d’actions qui, depuis, ont fait tourner toutes les têtes, et dont Danglars, en ce moment-là, avait l’initiative.

En effet, à huit heures et demie du soir, le grand salon de Danglars, la galerie attenante à ce salon et les trois autres salons de l’étage, étaient pleins d’une foule