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monsieur le comte, je viens vous dire que je vous crois trop galant homme pour refuser de me donner quelque explication au sujet de vos relations avec les gens de Janina ; puis j’ajouterai deux mots sur cette jeune Grecque.

Monte-Cristo fit de la lèvre et des yeux un petit geste qui commandait le silence.

— Allons ! ajouta-t-il en riant, voilà toutes mes espérances détruites.

— Comment cela ? demanda Beauchamp.

— Sans doute, vous vous empressez de me faire une réputation d’excentricité : je suis, selon vous, un Lara, un Manfred, un lord Ruthwen ; puis, le moment de me voir excentrique passé, vous gâtez votre type, vous essayez de faire de moi un homme banal. Vous me voulez commun, vulgaire ; vous me demandez des explications enfin. Allons donc ! monsieur Beauchamp, vous voulez rire.

— Cependant, reprit Beauchamp avec hauteur, il est des occasions où la probité commande…

— Monsieur Beauchamp, interrompit l’homme étrange, ce qui commande à M. le comte de Monte-Cristo c’est M. le comte de Monte-Cristo. Ainsi donc, pas un mot de tout cela, s’il vous plaît. Je fais ce que je veux, monsieur Beauchamp, et, croyez-moi, c’est toujours fort bien fait.

— Monsieur, répondit le jeune homme, on ne paye pas d’honnêtes gens avec cette monnaie ; il faut des garanties à l’honneur.

— Monsieur, je suis une garantie vivante, reprit Monte-Cristo impassible, mais dont les yeux s’enflammaient d’éclairs menaçants. Nous avons tous deux dans les veines du sang que nous avons envie de verser, voilà notre garantie mutuelle. Reportez cette réponse au