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attendre ; mais je crois qu’alors elle ne descend du ciel que plus complète.

Ali regarda son maître comme pour lui demander ce qu’il y avait à faire.

— Va chercher M. le procureur du roi Villefort, qui demeure faubourg Saint-Honoré, et amène-le ici. En passant, tu réveilleras le concierge, et tu lui diras d’aller chercher un médecin.

Ali obéit et laissa le faux abbé seul avec Caderousse toujours évanoui. Lorsque le malheureux rouvrit les yeux, le comte, assis à quelques pas de lui, le regardait avec une sombre expression de pitié, et ses lèvres, qui s’agitaient, semblaient murmurer une prière.

— Un chirurgien, monsieur l’abbé, un chirurgien ! dit Caderousse.

— On en est allé chercher un, répondit l’abbé.

— Je sais bien que c’est inutile, quant à la vie, mais il pourra me donner des forces peut-être, et je veux avoir le temps de faire ma déclaration.

— Sur quoi ?

— Sur mon assassin.

— Vous le connaissez donc ?

— Si je le connais ! oui, je le connais, c’est Benedetto.

— Ce jeune Corse ?

— Lui-même.

— Votre compagnon ?

— Oui. Après m’avoir donné le plan de la maison du comte, espérant sans doute que je le tuerais et qu’il deviendrait ainsi son héritier, ou qu’il me tuerait et qu’il serait ainsi débarrassé de moi, il m’a attendu dans la rue et m’a assassiné.

— En même temps que j’ai envoyé chercher le médecin, j’ai envoyé chercher le procureur du roi.