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— Oui, nous vous en prions du moins.

— Eh bien, monsieur de Lapeyrouse part, comme il vous l'a dit, dans l’intention de faire le tour du monde, et pour continuer les voyages de Cook, du pauvre Cook ! vous le savez, assassiné aux îles Sandwich.

— Oui ! oui ! nous savons, firent toutes les têtes plutôt que toutes les voix.

— Tout présage un heureux succès à l’entreprise. C’est un bon marin que monsieur de Lapeyrouse ; d’ailleurs le roi Louis XVI lui a habilement tracé son itinéraire.

— Oui, interrompit le comte de Haga, le roi de Franco est un habile géographe ; n’est-il pas vrai, monsieur de Condorcet ?

— Plus habile géographe qu’il n’est besoin pour un roi, répondit le marquis. Les rois ne devraient tout connaître qu’à la surface. Alors ils se laisseraient peut-être guider par les hommes qui connaissent le fond.

— C’est une leçon, monsieur le marquis, dit en souriant monsieur le comte de Haga.

Condorcet rougit.

— Oh ! non, monsieur le comte, dit-il, c’est une simple réflexion, une généralité philosophique.

— Donc il part ? dit madame Dubarry, empressée à rompre toute conversation particulière disposée à faire dévier du chemin qu’elle avait pris la conversation générale.

— Donc il part, reprit Cagliostro. Mais ne croyez pas, si pressé qu’il vous ait paru, qu’il va partir tout de suite ; non, je le vois perdant beaucoup de temps à Brest.

— C’est dommage, dit Condorcet, c’est l’époque des départs. Il est même déjà un peu tard, février ou mars aurait mieux valu.

— Oh ! ne lui reprochez pas ces deux ou trois mois, monsieur de Condorcet, il vit au moins pendant ce temps, il vit et il espère.

— On lui a donné bonne compagnie, je suppose ? dit Richelieu.

— Oui, dit Cagliostro, celui qui commande le second bâtiment est un officier distingué. Je le vois, jeune encore, aventureux, brave malheureusement.