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CONFESSION.

et j’eus au moins une consolation, ce fut de voir quel chemin suivait Gabriel en s’éloignant de moi.

« Il fallait trois mois pour que je reçusse de ses nouvelles. J’attendis avec assez de calme l’expiration de ces trois mois, mais rien ne vint, et je restai dans cette demi-obscurité terrible qu’on appelle doute et qui est cent fois pire que la nuit.

« Cependant le temps s’écoulait, toutes ces sensations intimes qui annoncent en soi l’existence d’un être qui se forme de notre être se faisaient ressentir. Sensations délicieuses, sans doute, dans l’état ordinaire de la vie, et quand l’existence de cet être est le résultat des conditions de la société ; sensations douloureuses, amères, terribles, quand chaque tressaillement rappelle la faute et présage le malheur.

« J’étais enceinte de six mois. Jusque-là, j’avais caché avec bonheur ma grossesse à tous les yeux, mais une idée affreuse me poursuivait : c’est qu’en continuant à me serrer ainsi, je pouvais porter atteinte à l’existence de mon enfant.

« La Pâque approchait. C’est, comme on