Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LA LEGENDE D’ANTONIA

Je t’aime ;
Aie l’épouvante que moi-même
Tout à l’heure je ne blasphème ;

Je t’aime et je tremble
Et j’ai le frisson d’être ensemble ;

Tu crois avoir mon cœur ;
J’ai peur.

Oh ! si nous partions !
Si nous nous quittions !

Si tu me laissais !
Si tu t’en allais !
Si tu oubliais !
Si tu te sauvais !


Après un long silence, tous deux, chacun à une extrémité de la scène, ils dialoguent, les yeux égarés, à mi-voix.


L’Amant

O fatalité !
O nécessité
Des calamités !


L’Amante

Nuits sans sommeils !
Matins sans soleils !