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LA FIN D’ANTONIA

Tout ce que j’ai maudit,
La vie,
La course sans merci,
L’errance sans fin et sans achèvement,
Tout aurait son recommencement ?
Non ! plus de la terre ! plus du monde ! plus des cieux !
J’ai voulu mourir, hommes, et je veux
Mourir… oh ! laissez-moi !
Rien ne peut plus rien en moi.


Morne silence.

La Mendiante reste les yeux vagues, le front sombre.

Alors les deux Bûcherons se rapprochent, et, le cœur plein d’apitoiement, vers elle ils se penchent.

Melchior, Gaspard et Balthazar, au fond, attendent, attentifs et recueillis.

1er Bûcheron

Ô pauvre femme,
Que parles-tu de mourir ? tu ne peux pas mourir ! dans ton âme,
Sache, quelque chose est né
Oui te tient à tout ce que tu veux abandonner,
Quelque chose qui renoue le cours de ta destinée :
Oui, quelque chose est né
Qui est ce but que tu cherchais,
Ce terme où ta vie aboutissait
Et cette fin
Du destin.