Page:Dujardin - Antonia, 1899.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
LA LÉGENDE D’ANTONIA

Et que la nuit on l’avait vue errer
Par des lieux désolés…
Oh ! si c’était vrai !… prenons garde !…
Les femmes du sabbat ont ces mines hagardes.

1er Bûcheron

Oui… peut-être…
Qui sait quelle réalité cache l’apparence de l’être ?…
Mais vois ! c’est une pauvresse
Que la faim et la soif et la lassitude oppressent.
Ne cherchons pas à savoir plus ;
Soulageons-la, si nous pouvons ; que devons-nous de plus ?

Ô mendiante, le soir approche ;
Nous allons reprendre la sacoche
Et la serpe et les liens et la cognée,
Et nous allons tous trois repartir vers la vallée.
Tu ne veux pas nous suivre ?… demeure alors !
À l’aurore
Demain, lorsque nous reviendrons,
Nos cœurs te salueront
Et nos mains
T’offriront le goûter du matin.

2e Bûcheron

Tu vois, pas un mot de remerciement, rien,
Pas un signe qui nous paie de nos soins.