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Siège le pur amour d’exister et de se reconnaître ;
Parmi l’âge qui vainement s’effeuille,
N’est-ce pas que l’âme parfois se recueille ?
Ô foule, le poème
C’est votre idée qui surgit de vous-même ;
C’est votre conscience
Qui désespérément aspire à l’existence ;
C’est l’envol
De l’âme au delà de l’apparence par le symbole ;
C’est l’âme
Qui vers soi-même clame…
Et ce n’est rien, sinon,
Quand le cœur interroge, une parole qui répond.
… Oh ! si la voix est faible, ayez,
Ayez cette sainte pitié
Qu’on a pour les prières non exaucées.

La gloire
N’est pas la stérile victoire
De marquer son nom sur les pages de quelque histoire.
Mais sentir ce frémissement
Que pendant un instant
L’humanité
Au fond des cœurs a remué ;
Éveiller un écho
Des désirs, des joies, des renouveaux,
Des souffrances,
Des pâles espérances