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ANTONIA

Je vous aime, je vous aime,
Vous êtes mon diadème,
Ta bouche est mon saint chrême…
 
Et tu te tais ?
Tu ne m’aimes pas, tu me hais ?
Je ne t’aurai jamais ?

Tu m’aimes, n’est-ce pas ?
Moi, je ne t’aime pas,
De toi je ne veux pas.

Courons !
Les forgerons
Forgent dans les antres profonds
Les glaives de nos passions.

Tu me hais, je t’adore ;
Tu ne veux plus, je veux encore.

Et je pars,
Je vais autre part,
Mes yeux hagards
Sont nés pour l’incessant départ…

Car je fus le voyageur morne ;
Car j’ai franchi toutes les bornes ;

Et nul jamais ne fut plus las ;
Qui saura jusqu’où se sont perdus mes pas ?