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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — I. LES HELLÈNES

Est-ce là, au sujet de la valeur des hypothèses astronomiques, l’ultime pensée de Ptolémée ? Non pas.

L’activité scientifique de Ptolémée ne prit pas fin lorsque la Grande syntaxe mathématique eut reçu son achèvement. Quelques années plus tard, cet astronome revenait, dans un nouvel écrit, aux problèmes qu’examinait la Syntaxe ; il leur consacrait un traité en deux livres intitulé : Les hypothèses des astres errants (Ὑποθέσεις τῶν πλανωμένων).

Le texte grec du premier livre de cet ouvrage est connu et publié depuis le xviie siècle[1]. C’est un exposé du système astronomique des excentriques et des épicycles. Ptolémée y change fort peu de choses à ce qu’il avait dit dans la Syntaxe. La modification la plus importante touche à la théorie du changement d’inclinaison de l’épicycle ; nous aurons occasion d’en dire quelques mots dans un prochain chapitre[2].

Le texte grec du second livre est perdu. On en connaît seulement une médiocre version arabe dont la traduction allemande, commencée par L. Nix et achevée par MM. F. Buhl et P. Heegard, a été récemment publiée[3].

L’authenticité de ce second livre n’est pas douteuse.

Nous avons déjà vu[4] qu’une allusion de Proclus aux Hypothèses des planètes de Ptolémée concorde avec ce que nous lisons dans cet ouvrage. Il y a plus : Simplicius, dans un de ses commentaires, rapporte textuellement[5] un « propos tenu par Ptolémée au second livre des Hypothèses ». Or le passage cité par Simplicius se reconnaît très exactement dans la version arabe, comme nous le verrons plus loin.

Il n’est pas superflu que l’authenticité du second livre des Hypothèses se trouve ainsi confirmée ; sans ces témoignages, en effet, nous aurions quelque peine à y reconnaître l’œuvre de Ptolémée, tant l’esprit en paraît différent de celui qui anime la Syntaxe.

Voici comment débute le second livre des Hypothèses[6] :

« Nous avons, pour la plus grande part, exposé les relations qui existent entre les mouvements des sphères, telles qu’elles ont été

  1. Procli Sphæra. Ptolemæi de Hypothesibus planetarum liber singularis nunc primum in lucem editus… Illustravit Joh. Bainbridge. Londini, 1620.
  2. Voir : Chapitre XII, § VII.
  3. Claudii Ptolemaei Opera quæ exstant omnia. Volumen II. Opera astronomica minora. Edidit J. L. Heiberg. Lipsiæ, MDCCCCVII. Ὑποθέσεων τῶν πλανωμένων Β′. Ex Arabico interpretatus est Ludovicus Nix.
  4. Voir : Chapitre IX, § V ; t. II, pp. 41-43.
  5. Simplicii In Aristolelis quatuor libros de Cœlo commentaria ; in lib. II, cap. VIII (Édition grecque de Karsteo, pp. 206-206 ; édition grecque de Heiberg, p. 456).
  6. Ptolémée, Hypothèses des planètes, livre II ; éd. cit., p. 111.