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CHAPITRE X
PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — I. LES HELLÈNES

I
L’ANTAGONISME ENTRE LA PHYSIQUE D’ARISTOTE ET L’ASTRONOMIE
DE PTOLÉMÉE. — SOSIGÈNE, XÉNARQUE ET SIMPLICIUS

Le système d’Hipparque et de Ptolémée contredisait expressément aux principes essentiels de la Physique péripatéticienne. Selon cette Physique, la nature même de la cinquième essence, de l’essence céleste, exempte de génération et de corruption, exigeait que tout corps formé de cette essence se mût d’un mouvement circulaire et uniforme. D’ailleurs, toute rotation circulaire et uniforme devait forcément, en son centre, trouver un corps immobile et grave. Une telle Physique imposait donc, de toute nécessité, à la théorie astronomique, une forme bien définie ; il fallait que tous les mouvements célestes se pussent décomposer en rotations uniformes de sphères et que ces sphères fussent homocentriques à la terre immobile. Sans doute, le détail d’un tel système n’était pas réglé par les doctrines du physicien ; il appartenait à l’astronome de le préciser, de déterminer le nombre des diverses sphères et le mouvement de chacune d’elles, de telle manière que les phénomènes célestes fussent représentés aussi exactement que possible. Mais que des corps célestes ne tournassent pas d’une manière uniforme autour du centre de leur orbe, que ce centre fût distinct du centre du Monde, qu’aucun corps fixe