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LA COSMOLOGIE DES PÈRES DE L’ÉGLISE

lies sur la Genèse, Περὶ Γενέσεως ὁμιλίαι ΞΖ′ et neuf Sermons sur la Genèse, Περὶ Γενέσεως λόγοι Θ′. Dans ces œuvres oratoires, le récit du Livre sacré sert simplement de prétexte à des exhortations religieuses et morales parmi lesquelles l’historien de la Physique ne trouve rien à glaner.

Le bienheureux Théodoret, évêque de Cyre, (vers 390-458) a composé un écrit intitulé : Questions choisies sur les difficultés de l’Écriture sainte, Εἰς τὰ ἄπορα τῆς θείας Γραφῆς ϰατ’ ἐϰλογήν. Touchant la Genèse, cet ouvrage, peu original, ne fait guère que résumer, dans la plupart des cas, des opinions émises par des Pères plus anciens.

À Saint Augustin (354-430, nous devons trois écrits spécialement consacrés à l’étude de la Genèse.

Le premier se nomme De Genesi contra Manichæos libri II ; l’objet en est purement théologique ; il n’y est aucunement question de comparer les enseignements du Livre sacré à ceux de la Philosophie naturelle.

Cette comparaison est, au contraire, l’objet formel du livre inachevé qui a pour titre De Genesi ad litteram imperfectus liber, et qui paraît avoir été écrit vers 393. Elle joue également un rôle essentiel dans le grand ouvrage en douze livres que l’Évêque d’Hippone composa de 401 à 415, et pour lequel il reprit le titre : De Genesi ad litteram qu’il avait donné à son traité inachevé.

En outre, les Confessions et, surtout, le traité De la Cité de Dieu, renferment de nombreux passages où l’évêque d’Hippone expose ses idées cosmologiques ou commente l’œuvre des six jours.

Si nous cherchions, dans ce que l’œuvre des six jours a suggéré à Saint Basile, à Saint Grégoire de Nysse, à Saint Ambroise, à Saint Augustin, l’information scientifique précise et détaillée, la curiosité des doctrines astronomiques récentes, que nous avons pu deviner chez Origène, nous serions grandement désappointés. Les Pères de l’Église ne semblent nullement se piquer d’une connaissance minutieuse et approfondie des théories relatives aux éléments ou aux corps célestes ; la science qu’ils supposent chez leurs auditeurs ou leurs lecteurs, celle dont ils paraissent eux-mêmes se contenter, se compose d’un petit nombre de propositions simples et générales ; ces propositions sont de celles que les discussions entre doctes ont, peu à peu, laissé échapper hors des Écoles, qui ont pris cours dans la conversation des gens instruits, mais non savants, de ceux qu’au siècle de Louis XIV, on nommera